SOLANN

20th March 2025 • Reflektor

  • SOLANN

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SOLANN

Avec sa voix à la douceur
cristalline, Solann fascine, soigne
et ensorcèle.
Entre le coton et le jaillissement à
vif, la pureté diamantaire et les
turbulences, les courbes
envoutantes et le lâcher-prise
diffus, le contraste est follement
chamboulant. Solann est une
guerrière enveloppante, une
dissidente magnétique. Qui
s’embarque dans un périple
mouvant au cœur même de la
délicatesse. Contraste toujours
sur un tempérament à la fois
introverti et hyperactif,
combustible et sensible. Prélude à
une combinaison paroles et
musique faite de langueurs
frissonnantes, de tensions
contenues, de bombes à retardement et d’explosions libératrices. Un espace où, chez elle, les
apparences disparaissent et où ne demeurent que la vérité nue et l’abandon. On n’appelle pas, de
toute façon, un premier EP Monstrueuse si on n’a pas le courage de s’aventurer sur des chemins
belliqueux. Une reconnexion nécessaire et urgente à ses émotions enfouies, à des aspects de sa
personnalité qu’elle a longtemps considérés comme bafoués.
Solann aura vu à l’âge de huit ans son père mourir au moins une cinquantaine de fois à la fin de la pièce
Don Juan. Il est comédien et intervenant en lycée afin de faire découvrir le théâtre aux élèves alors que
la mère (de laquelle Solann tire ses origines Arméniennes) est une touche-à-tout, tour à tour
comédienne, styliste, costumière, danseuse dans les cabarets, chanteuse. Enfance au sein des
planches donc au point de prendre elle-même des cours et avec le souvenir prégnant de trois cd
tournant en boucle dans la voiture : une compilation d’Aznavour, un album d’Agnes Obel et les
plaidoiries de Desproges. Beaucoup de mouvements géographiques jusqu’à sa majorité, entre Paris à
plusieurs reprises, la Picardie, le Vaucluse. Trois années post-bac dans une école de théâtre à Montreuil
entremêlées d’un passage par le mannequinat avant de se fixer définitivement en Provence, presque
dans la foulée de sa rencontre déterminante avec Chad Boccara, imparable dénicheur de talents. Un
besoin vital de changer d’air et surtout de se rapprocher de sa grand-mère maternelle, personne

centrale et essentielle de son existence. Son héroïne, sa boussole pendant la traversée d’une
adolescence compliquée, sa confidente avec laquelle elle partage des concerts de musique classique.
Attirée par les artistes anglophones, Solann met sur un piédestal Hozier et Sufjan Stevens, loue la
liberté fantaisiste de Bjork et on imagine aussi qu’elle aurait des choses à raconter à Tamino ou à
Phoebe Bridgers au coin d’un feu attisé par l’enchanteur Patrick Watson (ce dernier l’a récemment
contactée sur Instagram et, en plus du privilège de faire sa première partie au cours de sa série de
concerts au Café de la danse, une collaboration se dessine entre le Montréalais et elle). A partir de son
ukulélé, Solann travaille dans son coin, accompagnée du producteur Marso en studio. Elle ne se fie
qu’à son instinct et décide d’opérer, il y a deux ans, une mue en langue française pour courtiser au plus
juste ses tourments et ses mises au point frontales. La première personne du singulier s’affirme au
milieu d’une écriture cathartique, littéraire, théâtrale, mythologique.
Avec Rome, Solann dévoile une nouvelle facette de sa musique. Dans ce morceau explosif, sa colère
éclate contre ces injustices tues, contre les injonctions qu’on lui impose en tant que femme. Rome
exprime le cri de colère que Solann a trop souvent dû taire, entre couplets dénonciateurs et refrains
explosifs, où se libère la rage accumulée par ces affronts. Il y a Petit corps, ballade valseuse à la beauté
confondante sur son rapport à son anatomie, s’érige en pièce charnière pour comprendre qu’elle
trimballe de profondes griffures. Qu’elle est animée de sensations antagonistes, qu’elle se trouve dans
une impasse, qu’elle dresse un constat implacable, ni défaitiste, ni optimiste. La douceur cristalline de
la voix irrigue ici la plupart des morceaux où Pomme, Barbara, Camélia Jordana et Aurora pourraient
dialoguer ensemble joyeusement. Il y a là des éléments naturels gravitant autour d’une relation
toxique (Fondre), il y a enfin ce final troublant, menaçant, tranchant (Monstrueuse), inspiré autant par
le mystère des voix bulgares que par les dix plaies d’Egypte. Alors que le chant devient une matière
purement musicale, elle jette une sorte de malédiction, ne fait pas de courbettes et envoie valser les
joliesses avec un goût de la vengeance aussi voluptueux que pernicieux.
Obsédante, Solann célèbre ainsi les noces de l’écriture majuscule et de la néo-folk éthérée.